LE BEAU PAYSAGE : D’HIER À AUJOURD’HUI, ICI ET AILLEURS

Animateur
: Jean-Robert PITTE, professeur à l’Université
de Paris IV.
Participants : Louis-Marie COYAUD, professeur à
l’Université de Tours ; Yves LUGINBÜHL, Directeur
de recherches au CNRS ; Jean-Paul PIGEAT, Directeur du Conservatoire
international des parcs et jardins et du paysage ; Daniel
QUESNAY, photographe, Directeur de l’agence Paysages.
Réflexions sur le mot paysage
- Il
apparaît au 16ème siècle et désigne
une peinture (terme italien). Le paysage ou l’environnement
est donc sous un regard distancié, ce qui en permet
la représentation. Cette représentation
est variable suivant le lieu (les Chinois peignent le
paysage depuis des millénaires) et le temps (les
fresques romaines représentent des paysages qui
ne réapparaissent en tant que tels dans la peinture
qu’à la Renaissance). Mais au Moyen-Age, le paysage
existe aussi (les jardins de monastères), il intègre
l’homme au cosmos ou à la force divine.
- La
notion de beau est subjective. Pour un Français,
un jardin doit être ordonné (jardin à
la française), pour les Anglais, il doit recréer
l’illusion d’une nature originelle (jardin à l’anglaise).
En Europe, on ne conçoit d’espace urbain qu’organisé,
aménagé (les rénovations hausmaniennes
à Paris). Au Japon, le désordre urbain et
le fouillis apparent des villes (Tokyo) sont beaux. (
" 5 propositions pour une théorie du paysage
" Augustin BERQUE).
- Il
apparaît donc que cette notion de beau paysage est
variable en fonction du temps et des groupes sociaux et
que le regard étudié sur les paysages par
les historiens est celui des élites. (Quid des
autres groupes sociaux ?) Cette représentation
du paysage est donc très variable. Exemple : (enquête
CNRS) pour les classes jeunes, la campagne n’est pas un
beau paysage (pollution, absence de repères identitaires),
ce qui est beau, c’est la nature apparemment non contaminée
par l’homme (grand nord, Amazonie, au passage apparition
d’une culture télévisuelle type " Ushuaia
", ou le centre commercial en périphérie
de ville (alors qu’on s’interroge sur la restructuration
des entrées de ville..).
- Le
beau paysage, autre que le " naturel ", résulte
presque toujours d’une construction humaine. Exemple :
le paysage viticole est marqué par son économie
: peut-on dire qu’à une économie de qualité
(équilibre entre différents éléments,
ici le terroir, le climat et les hommes) correspond un
paysage précis ou de qualité ? Exemple :
les parcs d’Europe centrale construits pour le plaisir
des yeux (Eligenstadt en République Tchèque
ou Oranienburg en Allemagne) et souvent préservés.
- La
photographie comme outil d’analyse pour l’étude
de l’évolution du paysage
Le Ministère de l’Agriculture a crée un
observatoire du paysage qui compare des lieux repères
photographiés au début du siècle
et actuellement, et en étudie l’évolution.
NB : Ne pas oublier d’utiliser autre chose que les photos
aériennes, instrument de puissance ou de rêve,
mais de se pencher sur les photos prises à hauteur
d’homme qui permettent d’inscrire le paysage dans la réalité
et le vécu des individus.
En
conclusion, des réflexions de Jean-Robert Pitte
:
" On a les paysages qu’on mérite, les paysages
nous ressemblent "
" Le paysage indigne à hauteur d’homme est
plus intéressant que le beau paysage "
M.-C.
Cortial
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